André Aaron Bilis est né en 1893 à Odessa (actuelle Ukraine) d’une famille juive.

Il commença très jeune ses études de peinture à l’académie impériale des Beaux Arts d’Odessa puis à l’école des Beaux Arts de Paris où il fut l’élève de Cormon.

Engagé volontaire en 1914, puis réformé en raison d’un handicap du bras droit (il ne dessinait que de la main gauche) il s’embarque pour l’Argentine en 1915 et prit la nationalité argentine qu’il conserva toute sa vie.

Il demeura en Amérique du Sud de 1915 à 1928, résidant surtout à Buenos Aires où il fut entre autre collaborateur artistique du journal « La Nación » et directeur de l’ornementation artistique du théâtre « Colon ».

Il collabora  à « l’Album de la victoire » en 1920 qui eut un succès considérable dans toute l’Amérique Latine.

Il semble avoir eu une renommée importante dans l’art de la miniature comme en attestent des articles de journaux argentins de l’époque, mais surtout il peint de grandes toiles impressionnistes, dessine et expose beaucoup durant toutes ces années : en Argentine, au Brésil, en Uruguay, au Chili…

 

Il traversa à cheval la cordillère des Andes, véritable expédition à l’époque, pour rencontrer à la frontière chilienne les tribus Araucanes ; il en rapporta des portraits impressionnants d’indiens dont nous pouvons retrouver les reproductions dans de nombreux articles de journaux sud-américains de l’époque et dont nous possédons toujours quelques merveilleux exemplaires.

Mes toiles préférées de cette époque restent les grandes peintures impressionnistes de paysages des Andes et la grande toile de « la Sainte Russie » datant de 1918.

Il est difficile de reconstituer parfaitement toutes ces années ; il nous reste des articles de journaux, quelques photos et des courriers, comme ces lettres échangées sur plusieurs années avec la señora Margarita de Manem, une femme qui a beaucoup compté pour lui.

 

Et puis… il revint à Paris, où d’ailleurs résidait une partie de sa famille et retrouva le centre de l’activité artistique de Montparnasse. Il connut et dessina Chagall, Fujita, Vlaminck, fréquenta Modigliani, Zadkine, Mane-Katz…

A.Bilis collabora au centenaire de la revue des Deux-Mondes en 1929. L’année suivante il fait sa première exposition parisienne à la galerie Charpentier de 40 portraits (dont celui de Paul Valery) et 10 études. Il exposa ensuite au salon d’automne, au salon des Indépendants, à la galerie du Journal, chez Bernheim, au musée St Raymond de Toulouse et dans diverses villes de France.

Il organisa d’importantes expositions artistiques et culturelles en Espagne, au Portugal, au Maroc en montrant les portraits de plusieurs de nos grandes figures contemporaines auxquels s’ajoutaient ceux des personnalités des pays qui le recevaient. Il reçut en 1960 de l’Espagne la croix de commandeur de l’ordre d’Isabelle la Catholique.

 

La série de ses portraits – tous au fusain – constitue un témoignage exceptionnel de l’iconographie de notre temps et recouvre un demi-siècle de vie culturelle, politique et scientifique. Il a dessiné plus de 2000 personnalités tant françaises qu’étrangères dans les domaines les plus divers de la notoriété, des inventeurs ou savants comme Branly, Louis Lumiere, Francis Perrin, François Jacob, André Lwoff, Jacques Monod, des hommes politiques ou militaires comme Lyautey, Leclerc ou Coty, des artistes peintres ou sculpteurs comme Vlaminck, Dunoyez de Segonzac ,Janniot, des écrivains comme Jean Rostand, Paul Valery, Paul Claudel, André Malraux, François Mauriac, des musiciens comme Richard Strauss, Prokofieff, des artistes de variétés comme FernandelJacques Brel ,Amalia Rodriguez.

Il a été le dessinateur attitré de la Comédie Française et des œuvres de lui se trouvent dans la bibliothèque de la Comédie Française, dans celle du collège de France, au cabinet des Estampes du Louvre.

Pour grouper ses portraits par série  A. Bilis fit éditer « L’Album du Palais » en 1931 suivi de celui des « Médecins de Paris » en 1936 et plus tard les « Figures médicales de France ».

Attiré par le pittoresque des vieilles villes et des villages il a également laissé beaucoup de dessins à l’encre de chine, parfois rehaussés d’aquarelle ou des pastels. Il pratiquait aussi l’art raffiné et précieux de la miniature qui semble avoir beaucoup contribué à sa renommée en Amérique du Sud.

A.Bilis était Chevalier de la légion d’honneur, Médaille d’Argent de la ville de Paris, Officier des palmes académiques, Médaille d’or du salon.

 

Il rencontra en 1931 sa future épouse Suzanne Caraud et élevèrent leur fils Pierre, mon père. Ma grand-mère, sa collaboratrice de tous les instants, fut de toutes ses expositions, de tous ses voyages. Entre leur vie à Paris et les longues périodes de travail à l’étranger, ils passaient beaucoup de temps dans leur maison de l’Ariège (où Bilis était réfugié durant la seconde guerre mondiale, fuyant les persécutions antisémites) à Garrigou, petit hameau entre Foix et Pamiers. Il a beaucoup peint et dessiné les paysages de l’Ariège et des Pyrénées et leurs monuments (Montségur, Foix, Mirepoix).

 

Il est décédé en avril 1971 à Porto au Portugal, en pleine activité entre deux expositions de Porto à Séville, en complète possession de son talent. Il repose au cimetière de Montmorency où l’a rejoint sa femme Suzanne.